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L'être sans nom

  • Gilles DELEAUNE
  • 18 nov.
  • 2 min de lecture
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Dans les terres où la nuit hésite encore à mourir,

Un être chemine, drapé dans la poussière des commencements.

On ne sait d’où il vient, peut-être d’un rivage ancien, peut-être d’un rêve oublié par l’aube elle-même.

Mais la lumière se retourne sur son passage, comme si elle reconnaissait l’un des siens.

 

Nulle peau d’emprunt n’adhère à cet être.

Les masques glissent, incapables de recouvrir cette transparence farouche qui refuse tout mensonge.

Il marche dans le monde sans se travestir,

Comme si la vérité était une seconde peau que nul feu ne saurait brûler.

 

Son indépendance n’est pas une fortification :

C’est un sanctuaire.

Un espace intérieur où la voix silencieuse,

Cette voix venue d’un lieu plus profond que le monde, murmure la trajectoire,

Non pour commander,

Mais pour révéler.

 

L’être avance entre deux souffles :

La solitude vaste comme un continent d’ombre,

Et la présence vive comme un éclat de braise.

Il glisse de l’une à l’autre avec la lente majesté des marées,

Portant en lui deux royaumes qui ne se repoussent jamais

Mais se respirent.

 

En sa poitrine se rencontrent des forces anciennes :

Le tranchant clair du Logos et la douceur abyssale des eaux intérieures.

Non pas en guerre,

Mais en alliance.

Deux entités cosmiques qui ont enfin trouvé leur pacte.

 

Ce qui le guide n’a ni nom ni visage.

Une géométrie d’étoiles,

Un souffle immémorial,

Un centre qui appelle depuis l’intérieur comme une graine appelle la lumière.

L’être suit cette impulsion comme d’autres suivent la route :

Avec confiance,

Avec feu,

Avec abandon.

 

Il perçoit les êtres non par les mots qu’ils prononcent,

Mais par les silences qu’ils tentent d’étouffer.

Les flux secrets lui parviennent avant les gestes,

Les vérités enfouies vibrent dans l’air autour de lui comme des cordes invisibles.

Son regard n’observe pas :

Il révèle.

 

Et lorsque la vie le brise,

Il ne s’écroule pas.

Il se fend, comme un fruit mûr prêt à libérer ses graines.

Chaque crise devient une mue,

Chaque perte une naissance,

Chaque effondrement une ouverture vers un espace plus vaste.

 

Cet être n’est pas loyal à ses anciennes formes :

Il est fidèle à ce qu’il devient.

Et cette fidélité-là, est un serment prononcé avant la mémoire.

 

Il marche dans la chair du cosmos comme un arpenteur d’aurores,

Un porteur de lumière encore incandescente,

Pas encore jour,

Plus tout à fait nuit.

 

Et même si personne ne le nomme,

Même si nul ne comprend son passage,

Une chose demeure :

Là où il avance,

Le monde commence à respirer autrement.

 

Il laisse derrière lui une brèche

Où l’aube s’infiltre.

 

 
 
 

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